George Mirindi (RDC): «Mzee Kabila n’était plus en odeur de sainteté avec ses frères»
© AFP PHOTO / FEDERICO SCOPPA
Vous les avez peut-être déjà téléchargés, vous en avez sans doute entendu parler: nos podcasts « L'assassinat de Laurent-Désiré Kabila, un thriller congolais » sont diffusés à partir de ce lundi et jusqu'à jeudi sur nos antennes à 12H10 (HP). «La fin de Kabila», «Une tentative de justice», «Des coupables à tout prix» et le dernier, «Qui a fait le coup ?». Quatre numéros exceptionnels consacrés à un événement majeur de l'histoire récente de l'Afrique Centrale. Notre invité ce matin est l'un des gardes du corps du Mzee Laurent Désiré Kabila quand celui-ci fut assassiné le 16 février 2001 à Kinshasa. Georges Mirindi, qui fut l'un des accusés du procès qui suivit, vit en exil en Suède depuis une dizaine d’années.
RFI: Où est-ce que vous vous trouvez, précisément, ce fameux 16 janvier 2001, lorsque Laurent Désiré Kabila est tué ?
Georges Mirindi : Ce jour-là j’étais de service, mais exactement à l’heure où les balles ont retenti, je me trouvais chez moi, à la maison. Je venais de sortir du Palais de Marbre pour aller m’apprêter au voyage qui devait avoir lieu le soir.
Pourquoi est-ce que vous quittez le service à ce moment précis ?
Le moment, ce n’est pas ce qui est important puisque, comment est-ce que je pouvais anticiper les événements ? Ce n’était pas la première fois, nous avions l’habitude de quitter le service pour aller nous apprêter au voyage. On avait l’habitude de sortir à un moment, comme pour aller chercher à manger... Ce jour-là, le chef de l’État allait faire un voyage vers le Cameroun, où avait lieu un sommet France-Afrique.
Qu’est-ce que vous faites, lorsque ces coups de feu retentissent ?
Lorsque je les entends, à travers le Motorola que j’avais, j’essaie de rejoindre le Palais de Marbre le plus vite possible. Malheureusement, dès les coups de feu, Eddy Kapend ordonne la fermeture de toutes les entrées et de toutes les sorties du Palais de Marbre. Cela a pris des heures. J’ai fini par entrer là-dedans et j’ai demandé que l’on m’aide. Je croyais que j’allais rejoindre le cortège présidentiel qui s’était rendu vers la clinique Ngaliema.
Plus tard, la voiture rebrousse chemin… Au Palais de Marbre, un type m’arrête, me met dans le capot d’une voiture, destination quelque part, là où il me garde. Si je me rappelle bien la date, cela peut être le 18… Ils m’enlèvent de ce lieu où ils m’ont amené, pour me conduire au GLM.
Vous êtes enchaîné, vous êtes à l’isolement… Comment est-ce que vous parvenez à fuir, avec le major Bora Uzima, notamment ?
Evidemment, vos questions, aussi, viennent effectivement de versions que le régime, via la propagande, a fait « gober » aux gens. Au GLM, il n’y a jamais eu évasion. La journée du 27 février, c’est tard dans la nuit que Chapchap viendra pour me soutirer de la cave. Il soutire Bora de la cave et il soutire Bahati de la cave, pour nous emmener vers la mort. Et c’est là que les choses vont basculer. Bora, c’est quelqu’un qui est connu pour avoir de l’argent. Il a tout simplement proposé de l’argent et Saluum (alias Chapchap) a fini par céder et c’est tout.
Et pourquoi est-ce qu’il vous associe à cette fuite, si vous ne l’avez pas payé ?
Le tueur était fatigué des massacres. En plus, Kapend, qui était le protecteur du GLM, venait d’être arrêté par les militaires Zimbabwéens. Ce sont des facteurs qui ont contribué à ce que Saluum puisse décider de mettre fin à sa carrière de tortionnaire.
Il vous relâche… Qu’est-ce que vous faites ? Vous passez à Brazzaville, apparemment…
Effectivement, la seule façon de fuir Kinshasa, c’est Brazzaville. Il n’y a pas deux voies. Mais malheureusement, à Brazzaville il y a des journaux qui ont écrit que des originaires de Kivu sont aux arrêts, là-bas. C’est dans ces conditions que Bora continue le voyage avec Saluum jusqu’en Belgique, pour y demander l’exil, puisque, entre autres promesses que Bora avait faites à Saluum, c’était de l’amener en Europe, très loin de Kabila.
Et vous ?
Nous restons à Brazzaville un moment, pour non seulement reprendre la forme humaine, soigner nos plaies… Plus tard, nous nous débrouillons pour quitter Brazzaville.
Direction le Rwanda ? C’est ce que vous accusateurs disent…
Ah oui ! Mes accusateurs veulent dire, effectivement, ce qui va vite bien consommer la proie. Nous sommes passés par le Rwanda plus tard, pour aller chez nous, bien sûr, mais ce n’est pas dans la direction du Rwanda, nous sommes allés ailleurs qu’au Rwanda.
Vous avez toujours clamé votre innocence, malgré les témoignages, les accusations contre vous… Qui a tué le président Laurent-Désiré Kabila, selon vous ?
Au départ, je tenais Rachidi pour l’assassin, comme on le présentait. Mais j’ai fini par comprendre qu’ils ont tout affirmé sur Rachidi, mais il n’y a rien qui prouve, puisque même son arme a été cachée. Il y a le mensonge de Mota qui montre suffisamment qu'il n’était pas sous torture mais qu'il a librement changé de version. Donc je n’ai plus de doute sur le fait que, ceux qui ont manipulé, ceux qui ont fait des enquêtes biaisées, ceux qui ont fait des procès circuités, ils ne peuvent pas avoir fait cela gratuitement. Josep Kabila a agi activement. Kapeng a agi activement, en inventant de fausses versions et en voulant orienter des pistes.
Voilà. Aujourd’hui, les versions connues sont de fausses versions, et moi, je l’affirme, Mzee Kabila n’était plus en odeur de sainteté avec ses frères. Que ce soit avec Kapend… Kapend sortait de prison juste avant la mort de Mzee. Joseph Kabila se cachait au Katanga avec beaucoup d’autres officiers.
Allez consulter les archives du GLM et vous verrez qu’il y a plein de GLM en prison. Kapend a monté une histoire de prostitution pour expliquer le détournement des fonds pour lequel il a été jeté en prison au GLM. Il a même remis l’argent. D’ailleurs, il devait passer général et il n’est pas passé général à cause de ce vol-là. C’est un détournement de plusieurs millions !
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